Carnet de bord 2005
Israël et Jordanie
PREMIÈRE PARTIE : du 25 avril au 08 juin 2005
LOGOS en Israël (avec une incursion terrestre de ses passagers en Jordanie)
25 avril 2005
« Un long voyage »
15h45 : nous quittons notre petit monde.
Un dernier regard à notre nid campinois qui nous a permis pendant trois ans d’escales, de vivre de tendres heures dans la joie familiale. À notre retour, nous découvrirons d’autres horizons à Santeny.
Nous voici partis pour un très long voyage : trente heures « porte à bateau ». Pas de réelle fatigue certes mais beaucoup d’attente.
20 heures : premier décollage en A380 pour Istanbul, via Ankara avec la compagnie ONUR.
À en juger à l’apparence des autres passagers et à leurs bagages, nous n’avons pas du prendre un vol « touristes ».
Une fois de plus, les sacs « matériel informatique » de Pierre suscitent la curiosité des douaniers français. Que peut-il bien faire avec tout ce fatras de fils et de chargeurs ? Est-il électricien ? Sans parler du poids de nos bagages qui pour la première fois en 7 ans, nous vaut une petite surtaxe pour excédent… 30 kg de trop, sans compter ceux que nous avions à bout de bras… !!! Seulement 10 pénalisés pour 50 euros. Nous nous en tirons à bon compte si nous additionnons tous les kilos excédentaires que nous avons embarqués dans le passé.
Un envol lourd, un peu difficile, mais ensuite un vol agréable, quelques turbulences et voici déjà les lumières d’Ankara qui, de par la régularité de ses voies, révèle sa modernité.
Premier atterrissage en douceur, le pilote est applaudi… toujours surprenant et inquiétant… Y a-t-il des fois où… ? De nombreux passagers quittent l’avion, familles turques et hommes d’affaires (peut-être aussi des femmes !!!) et nous voici prêts pour le deuxième envol, celui-ci effectué avec facilité - soulagement, ce n’était donc pas le poids de nos bagages qui alourdissait l’avion…
2h30 : Istanbul est à nos pieds, toujours aussi fascinante, même dans la nuit.
Pas de tracasseries douanières, un scan de nos passeports et nous voici admis sur le sol turc, en familiers.
La deuxième épopée va commencer : récupérer nos bagages et regagner au plus vite l’« Otogar » et le car qui nous mènera à Marmaris. Contrat rempli jusqu’à l’arrivée au siège de la société de cars Pammukale. Pas de cars en partance avant 7h30 et il n’est que 3h du matin. Deux banquettes nous accueillent pour un petit somme en compagnie du veilleur de nuit et de l’équipe qui prendra en charge notre bus. Les voyages endurcissent même les anciens…
7h30….22heures…. Ouf ! Enfin notre Logos, perché comme un malheureux entre ses congénères, tout aussi marris (c’est fou ce qu’un bateau sur ber a l’air de prendre son mal en patience, tout en rêvant de la douce caresse des flots).
Déception, malgré nos appels téléphoniques prévenant de notre arrivée tardive, point d’échelle pour nous permettre d’accéder à notre nid… tu parles , courir après un garde de nuit lorsque depuis des heures on rêve d’un lit douillet.
Minuit ! Nous nous couchons enfin avec eau et électricité (non sans quelques soucis, le responsable marina nous ayant branché sur du 380V… avec dégât minimum, seul un des trois chargeurs de batteries a fumé et a nécessité un rebobinage aux frais de la marina, bien sûr). Comme on dit de l’autre côté de la Manche « To-morrow is another day ». « Julot », heureux de voir sa mise en quarantaine terminée est d’accord !!!
27 avril 2005
« Logos s’éveille »
Tandis que je m’active à vider les sacs et faire que chaque chose retrouve à peu près la place qui lui sera assignée (je n’ai pas trop de mal, car, à part les documents, les guides et les médicaments, les vêtements ont été réduits au maximum). L’essentiel concerne donc du matériel de navigation ou de vie à bord…. Pierre va vite prendre contact avec les ouvriers qui doivent encore intervenir : Doctor Mekanik pour régler le moteur et Doctor Inox pour le portique nécessaire à la fixation des deux panneaux solaires. En notre absence le teck du cockpit a été changé par Willy avec beaucoup de soin et nous en sommes très heureux. Cela redonne un petit coup de neuf à Logos, malgré l’abondante poussière qui le recouvre.
Et pourtant, il y a eu du ménage de fait à la Marina. Le Général Manager a été remplacé par Nazli, une charmante jeune femme autrefois secrétaire. Emilia, responsable de l’ensemble des ouvriers s’est mise (ou a été mise ???) au vert. Hervé a quitté le magasin de matériel de navigation pour ne se consacrer qu’à ses projets de skipper sur son propre voilier. Résultat, plus personne ne parle français à la marina, c’est Pierre qui va faire des progrès en Anglais, à moins qu’il ne se mette au turc …
Donc, une fois le petit chiffon passé, un premier approvisionnement opéré au supermarché de la marina, il ne me reste plus qu’à errer dans le chantier à la recherche de visages ou de noms de bateaux connus et tenter de récupérer le carton de matériel confié à Mr Bilgin, le Grand Patron lors du salon nautique de Paris, sans oublier le panneau solaire commandé à ce même salon par l’intermédiaire de François de « Tel Kel ».
Le vaste terre plein du chantier est encore couvert de bateaux de toutes sortes : de très nombreux voiliers comme Logos, attendant sagement le jour de leur mise à l’eau, bien alignés par date, et puis d’immenses bateaux : Gullets, yachts, sur lesquels s’affairent de nombreux ouvriers.
De visages connus, nous ne retrouverons que Cécile et Jeff, François, Jean-Luc, tous quatre résidant à l’année à Yacht Marine et Jean-Jacques affairé à remettre Freedom en état après le talonnage dont il a souffert l’an passé.
Le carton nous attend bien dans la réserve de la marina, mais pas le panneau solaire qui est allé faire un petit tour chez les grecs et sommeille parait-il à Symi dans l’attente d’un transporteur complaisant… Grrrr !!! Heureusement que Jean-Luc de Lucky Jo a prévu une petite virée passant par Symi… Il ne nous restera plus qu’à patienter sagement jusqu’à son retour… tout en faisant mots croisés, lectures et tricot. Bien sûr je ne parle que de moi car Pierre n’a pas le temps de chômer avec tous les bricolages prévus.
C’est ainsi que, pendant ce temps, le bateau va peu à peu se transformer à nouveau en chantier, seules notre cabine et la table seront à peu près disponibles. Il faut avouer qu’à chaque fois, c’est pour un mieux de confort ou d’efficacité : ampèremètre évolué pour contrôler les batteries, détecteur de radars (rien à voir avec les excès de vitesse bien sûr)… autant de fils à passer, de branchements à effectuer.
Ici, c’est déjà le grand, grand printemps… on pourrait même dire un été breton et c’est bien agréable.
Du 29 avril au 1er mai 2005
« Longue attente »
Le temps sur ber commence à nous peser un peu : échelle à grimper, manque de commodités, poussière du chantier et il nous tarde de nous retrouver sur l’eau. Il faut dire que nous entendons le travel-lift s’affairer toute la journée et que, par suite d’encombrement, il nous a été demandé ainsi qu’à nos deux voisins de bien vouloir repousser notre mise à l’eau de deux jours… comme si nous avions le choix !!!
Même pas envie d’aller traîner nos guêtres à Marmaris où, parait-il, a lieu un « international boat show » (bien nous en a pris … nous aurions été déçus, car à part un croiseur français et un autre américain faisant des ronds dans la baie de Marmaris, il ne devait pas y avoir grand-chose).
Les travaux vont bon train, de « Doktor informatique », Pierre est devenu « Chef de chantier ».
Je muse, remuse en jetant un petit coup d’œil aux documents sur Israël, des fois que ???
Un petit dîner de temps en temps à la cantine de la marina …un vrai repas pour 4YTL (Yeni Turkish Lira, yeni voulant dire nouveau) eh oui ! Les turcs ont supprimé les 000000. Cela fait moins cher lorsqu’il s’agit de payer, mais c’était bon de se sentir millionnaire… Au marché, les commerçants semblent avoir encore du mal à s’exprimer en nouveaux « millions » !!!
Du 2 mai au 10 mai 2005
« La vie à bord s’organise »
Ce matin, 2 mai, notre longue attente touche à sa fin. Le travel-lift s’approche de Logos. Le voilà sanglé puis débarrassé de ses gros madriers, prêt à rejoindre son appontement dans la marina. Depuis cette année, les pontons ont pris le nom des mots destinés à codifier l’alphabet de téléphonie, nous sommes donc en F comme Fox Trot. Une riche idée qui permet de le mémoriser et tellement plus imagé… viens prendre un pot ce soir, je suis sur Roméo, Juliet, ou Charlie. Cela me servira beaucoup lorsque j’aurai à converser avec les gardes cotes israéliens ultérieurement...
Nous apprécions le doux bercement de l’eau et pouvons tranquillement continuer nos agencements.
Peu à peu le portique prend forme, un beau coussin permet maintenant de transformer la banquette du carré en un lit 2 personnes pour accueillir nos prochains petits passagers.
Grâce à la WIFI de la marina nous bénéficions d’Internet gratuit, et pouvons même communiquer en direct par Messenger avec ceux que nous aimons. C’est toujours amusant et un peu émouvant, si loin, de se dire, en entendant le petit « dong » de l’ordinateur, tiens Lili, Paul, ou Augustin viennent de se connecter. Cela permet quelques échanges en direct qui font chaud au cœur, même si parfois les dialogues décalés semblent un peu fous.
Nous pouvons même écouter la radio en français (plus audible et précis pour les informations que RFI), et lorsque FIP nous parle des embouteillages sur le périphérique alors que nous sommes confortablement installés dans le bateau à quelques 2500Km de là, cela parait complètement surréaliste.
Merci Jean-Luc, le big panneau (125W) est enfin entre les mains d’Aslan, notre Doktor Inox, et a rejoint à l’atelier le « petit » de 60W que nous avions acheté en 2003. Nous espérons qu’avec toute cette énergie produite par le soleil, nous pourrons un peu mettre une sourdine au groupe électrogène, épargnant ainsi nos pauvres oreilles, celles de nos passagers et accessoirement… celles de nos voisins de mouillage !!! Pierre doit donc préparer le nouveau régulateur.
Logos a fait toilette à grande eau, et retrouvé toute sa garde robe (il est plus gâté que moi !).
Nous avons avec plaisir emprunté notre « dolmus » rose pour nous conduire à Marmaris. Le marché hebdomadaire du jeudi y est toujours aussi bien achalandé en légumes et fruits.
Nos plantations de basilic et menthe ont à nouveau pris place sur le pont et sont l’objet de tous nos soins avant de se voir rognées peu à peu au profit de nos salades.
10 mai : le portique est posé, les panneaux installés… Superbe… Bien sûr « Logos » perd chaque fois un peu plus de son style « fringant coursier des mers », mais, dans l’ensemble, cela ne dépare pas avec le bimini… et il est de plus en plus estampillé « bateau de voyage ».
Un dernier approvisionnement, un au revoir aux amis. La météo consultée et analysée par Pierre est favorable (NW 3/4) Nous appareillerons demain matin direction Kas, une première étape de 80 milles… costaud sans amarinage. Mais comme dirait Arthur « Quand faut le faire, faut le faire !… »
11 mai 2005
« Première nav »
5h30 : 1er réveil de la saison, pas le fringant chant du coq du téléphone d’Albiez, non cela ferait désordre sur un voilier, seulement une petite sonnerie convaincante. Allez c’est parti…
Un petit vent capricieux rend le déhalage difficile et nous fait rencontrer les pendilles des voiliers opposés… sortie intempestive, mais courtoise de deux voileux… si l’on ne peut même plus dormir tranquille en marina !!! Rien de sérieux.
« Logos » quitte tranquillement son refuge hivernal avec les premiers rayons du soleil sur la baie de Marmaris. Seuls deux pêcheurs sont eux aussi tombés du lit.
Un vent ¾ arrière va ainsi nous pousser gentiment le long de la côte avec des accalmies justifiant l’intervention du Perkins. Toujours la grande solitude. Nous rencontrerons nos premiers voiliers au passage des 7 caps, peut-être s’agit-il de Targuy et d’amis qui, depuis Kemer, projetaient de remonter sur Istanbul. Le vent habituel et parfois craint dans ce secteur s’est levé, propulsant Logos, voiles croisées comme un bel oiseau (Pierre expérimente un nouveau frein de bôme qu’il a fait fabriquer à Yacht Marine et qui se gère du cockpit TOP !) …
8 nœuds, 9 nœuds. Mon skipper favori est fier à la barre, encouragé par les jeux autour du bateau de toute une famille de dauphins, un spectacle toujours aussi surprenant et émouvant. On voudrait presque qu’ils vous adoptent définitivement… Et c’est juste au coucher du soleil, tandis que retentit le signal pour la marine turque de baisser les couleurs, que nous pénétrons dans le petit port de Kas, toujours aussi plein de charme et de vie, accueillis en familiers par le responsable.
12 mai 2005
« Un laborieux check out »
Après une douce nuit réparatrice, c’est avec plaisir que nous retrouvons nos petits commerçants, même le marchand ambulant d’amandes fraîches conservées sur un lit de glace vient nous proposer ce régal au bateau.
Un complément d’approvisionnement… Il faudra tenir 2 jours et 2 nuits en mer… et les formalités de sortie du territoire turc, pas méchantes mais toujours longues et fastidieuses : 3 bureaux dispersés dans la ville, 3 fonctionnaires peu familiarisés avec l’anglais, des formulaires, des tampons, des tampons et la difficulté de faire comprendre que nous ne partirons que le lendemain matin, alors que juridiquement nous ne sommes plus autorisés à séjourner sur le sol turc… Nous promettons même de ne pas quitter Logos jusqu’au départ...
Kas, essentiellement touristique, n’est assurément pas le lieu où il faut faire une entrée ou une sortie.
Enfin nous l’avons fait. Nous sommes prêts pour la veillée d’armes.
13 mai 2005
« Attention, radar ! »
Longue et déchirante plainte du muezzin, le jour se lève. Il est 5h30. Nous laissons Kas dans son sommeil et, lentement, traversons la grande baie fermée par l’île grecque de Kastellorizo, slalomant entre les nombreux îlots. La Grande Bleue s’offre à nous pour quelques 350 milles… À la fois un peu angoissant et grisant. Les voiles se hissent, de nouveau en papillon pour profiter du vent portant, juste dans l’axe du bateau, qui va nous pousser vers notre destination : Israël, la terre promise.
Le vent est favorable, mais la mer encore très formée rend notre propulsion parfois un peu inconfortable… merci Cocculine (à toujours avoir dans sa poche pour les premières navigations).
La vie à bord s’organise, apparemment nous sommes seuls en mer. Le jour croit, puis décline.
C’est le moment de commencer la longue veille, aidés cette année par le détecteur de radar, bien nommé « Mer veille ». Effectivement alors que le regard scrute l’horizon de tous côtés, il est bien agréable d’entendre les bips sonores émis par l’appareil et signalant la direction de la provenance du signal, mais, lorsque c’est ton tour de dormir, tu te surprends à rêver de la voix douce et persuasive de Paul te murmurant sur Tom Tom « Attention, radar ! » (à mettre à l’étude…).
Ainsi dans le grand calme de la nuit, Logos poursuit sa route jusqu’aux premières lueurs du jour. Pas de réelles rencontres, trois gros tankers aperçus dans le lointain.
14 mai 2005
« Surtout faites comme chez vous »
Plein beau, mer plate… pétole. Perkins vient suppléer au manque de vent et fait équipe avec Grand’voile et génois. Nous conservons une allure raisonnable et l’avance prise hier maintient le moral de l’équipage quant à l’heure d’arrivée prévue en Israël. Il faut dire que pour éviter une escale qui pourrait être fastidieuse à Chypre « grec », nous avons opté pour la trace directe.
Donc une journée paisible, sans rencontrer âme qui vive, quand tout à coup, vers 19 heures, un premier oiseau se met à voleter autour de nous, la terre est pourtant encore bien lointaine…
Puis deux oiseaux, puis trois. C’est finalement une bonne dizaine de bergeronnettes qui investissent les sacs de rangement des pare battages et la Grand’Voile ferlée pour la nuit. Ainsi, sur leur voie de migration, c’est Logos qu’elles ont choisi pour dormir. Surtout ne pas déranger, elles ne semblent pas décidées à partager les quarts de veille avec nous.
Nouvelle nuit rythmée par quelques bip, bip de « Mer veille »… rien de bien sérieux.
15 mai 2005
« Haïfa Radio ne répond pas !!! »
Le vent a tourné Sud-Est. Cela va gîter un peu… pas fous nos passagers clandestins qui se sont déjà envolés, non sans laisser quelques traces. Deux d’entre eux tarderont cependant à quitter un gîte aussi hospitalier. Eux aussi nous les aurions bien adoptés.
Logos continue sa route à vive allure. 50 milles des côtes israéliennes, 1er appel VHF pour signaler notre présence, aucune réponse, un 2ème appel, puis un 3ème… 10 milles des côtes, des bips, bips insistants de Mer veille… et la vision de la vedette rapide des Coast-guards, mitraillettes et mitrailleuses braquées sur nous. Heureusement que nous nous attendions à cet accueil… Judicieusement, nous avions préparé tous les renseignements nécessaires et révisé l’alphabet de transmission « Lima Oscar Golf Oscar Sierra ». Interrogatoire pressant sur notre passé, notre devenir… Et pendant ce temps là, notre pauvre Logos, sans voile et sans moteur, coquille de noix ballottée sur les flots, refoulé même, en cours de « conversation », sur la ligne des 12 milles. C’est alors que, croyant avoir satisfait à toutes nos obligations, nous apprenons qu’il nous faut aussi contacter Haïfa Radio. Vous parlez, nous n’avons pas cessé d’essayer… en vain !!! C’est alors que cela a commencé à virer au cauchemar, le contact s’établissant très mal, et tout est devenu tragique lorsqu’il a fallu épeler Saint-Cyprien… tellement inextricable que, devant mon désarroi, les Coast-Guards ont finalement eu pitié de moi et ont transmis eux-mêmes les renseignements déjà donnés, tout en nous autorisant à entrer en Israël avec des souhaits de bienvenue… Ouf ! Après 1h30 de pourparlers, j’avais perdu patience et contenance.
En route pour Herzliya Marina, recommandée par Ilan et Judy et contactée depuis St. Cyprien. 12 milles au moteur, en direction d’une côte rectiligne, de hauts bâtiments, deux longues digues qui de loin se superposent, ne révélant aucune faille. Merci ! deux voiliers à l’entraînement nous révèlent la passe d’entrée.
Quai d’accueil, visite douane, police, prélèvements de poussières pour analyse (recherche de drogue, de poudre de munitions…), questions, requestions et tout cela après 58 heures de navigation…pitié !!!
Premiers contacts avec Nava, responsable de la marina, avec laquelle nous avions correspondu par mail.
À 17h30 nous appontons dans la « Cour des Grands » avec pour voisin un Beneteau 57 « Bossa Nova ».
Une bonne nuit et tout sera oublié.
16 mai 2005
« Qu’il est doux de se laisser vivre »
Réveil dans la marina la plus luxueuse d’Israël, construite il y a seulement 6 ans, devant un immense bâtiment avec arche, destiné à d’élégantes boutiques et à de vastes restaurants.
Il s’agit en effet d’une destination de promenade prisée des habitants d’Herzliya, vaste commune résidentielle, située à une dizaine de kilomètres de Tel-Aviv. Les bâtiments de la Marina et du Yacht Club ont aussi fière allure et nous sommes reconnaissants à Ilan et Judy de nous avoir si bien conseillés.
Un voilier français « Tololea » avec à son bord Patricia, Jean-Claude et le chat, séduits par la marina lors de leur passage avec l’EMYR ( Eastern Mediterranean Rally) ont hiverné ici. Ils nous invitent à bord et nous donnent quelques informations pour notre vie quotidienne et nos visites touristiques. C’est toujours bien agréable d’être accueillis, cela met en confiance.
Nous nous mettrons au travail demain. Pour l’instant, relax !!!
Quelques hélicoptères de combat puissamment armés survolent la marina : manœuvres militaires, la base étant proche ? Surveillance de la bande de Gaza, zone toujours très sensible ?
Il faudra nous habituer, de même qu’à la présence permanente de jeunes appelés, jeunes gens et jeunes filles, révolver et mitraillette au côté ou aux contrôles de nos sacs avant d’être autorisés à pénétrer dans de nombreux lieux publics. Pierre évoque cette situation qu’il a vécue en Algérie pendant « les événements ».
Si notre sécurité est à ce prix, oublions vite notre malaise premier.
17 mai 2005
« Premiers contacts avec la réalité israélienne »
C’est par le riche marché de Netanya, ville francophone que nous commencerons notre vie israélienne : une profusion de fruits : abricots, cerises, fraises, et même les premières figues. Des étals croulant sous les légumes frais ; artichauts, énormes radis,et des avocats… énormes, une vraie crème. Des odeurs, des couleurs qui ne sont pas sans nous rappeler les petites échoppes tunisiennes. Pour renforcer la similitude, nous achèterons même un beau mérou à faire sur barbecue… un délice partagé avec « Tololea » et complété par une salade de papaye réalisée par Jean Claude. Seul hic, encore une nouvelle monnaie à assimiler : le Shekel et une autre échelle de valeur : un kilo de fruits 10 shekels (1,8€), un beau mérou de plus de deux kilos 150 Shekels (27€).
Quant aux chiffres, n’en parlons pas, nous avions à peine commencé à maîtriser les 20 premiers chiffres turcs !!!
Le retour par le quartier chic d’Herzliya nous fait découvrir de luxueuses demeures très fleuries : bougainvillées, hibiscus, albizzias, flamboyants, pawlonias.
La location chez Traffic d’une Opel Corsa, automatique et climatisée va nous permettre pendant deux semaines de sillonner les routes d’Israël : des quatre voies rapides… (rapides, il n’y a que l’impression qui compte car la vitesse y est limitée à 90 km heure… la cata pour Pierre qui a déjà bien du mal à rouler à 130… et, là aussi, radars et voitures de police aux aguets et aux jumelles et toujours pas la voix de notre gentil Paul sur Tom Tom pour nous avertir), jusqu’aux chemins creux de certains sites (gare aux amortisseurs !).
18 mai 2005
« Césarée »
Guides dans le sac, c’est à Césarée que nous commençons notre long pèlerinage à la rencontre de tous ces lieux qui ont marqué notre imaginaire d’enfant pendant notre catéchèse puis notre cheminement religieux.
Césarée, capitale de la Judée sous Hérode le Grand qui, en fait, fut l’une des plus grandes cités maritimes de l’Orient.
Césarée où sévit Ponce Pilate, son plus célèbre procurateur.
* 2000 juifs livrés aux bêtes sauvages dans l’arène, des milliers d’autres emmenés en esclavage à Rome.
* Titus et Bérénice, une histoire d’amour au dessus des querelles religieuses.
* Saint-Paul, « l’Apôtre des gentils » jugé par le gouverneur romain de Césarée, après son arrestation à Jérusalem et condamné à une peine d’emprisonnement de 2 ans avant d’être mené à Rome pour comparaître devant Néron.
* Saint-Louis et les Croisés : de nouveaux massacres et la naissance de la légende du Saint Graal (un petit clin d’œil à notre roi Arthur…), une coupe semblable à celle utilisée par Jésus Christ pour la Cène ayant été trouvée là.
Pour nous, aujourd’hui, un beau site archéologique face à la mer où se mêlent harmonieusement ruines romaines : théâtre, aqueduc et constructions effectuées par les croisés : citadelle et remparts et l’émotion générée par le cantique entonné par un groupe de pèlerins américains face à la mer.
19 mai 2005
« Sur les traces de Jésus le Galiléen »
Sur notre route pour Tibériade et Nazareth, deux sites archéologiques témoignent de l’importance de la Galilée comme voie de passage caravanière entre l’Orient Ancien, c'est-à-dire, l’Égypte des Pharaons et la Mésopotamie et relient Ancien Testament et Nouveau Testament.
Meggido ou l’Armaguedon de la Bible : les forces du Bien et les forces du Mal se livrant une ultime bataille. David et surtout Salomon qui en fit une place forte pour sa cavalerie, l’occupation égyptienne, puis assyrienne. Aujourd’hui un champ de ruines où l’imagination a bien du mal à recréer un passé.
Beit She’an : position stratégique sur une colline dominant la vallée du Jourdain et celle de Jezreel, un carrefour de routes vieux de plus de 5000 ans. Saül, David, Pompée, l’une des dix cités de la Décapole.
Devant nos yeux, une somptueuse ville romano-byzantine rénovée avec élégance et respect du site où il devait faire bon vivre, tant pour la richesse de ses bâtiments que la présence d’une eau bienfaisante en cette terre baignée de soleil.
Bien sûr, pour nous, les nombreuses fontaines se sont taries, les thermes se sont vidés, mais fort heureusement l’eau est toujours bien présente, coulant rafraîchie de robinets fort appréciés : 40°C, pas beaucoup d’ombre et des touristes novices : nous avons omis de nous munir de chapeaux pour protéger notre cerveau qui commence à entrer en ébullition. Tant pis pour la mise en plis de Madame, la douche d’abord !
Encore un effort : 170 marches pour jouir d’un vaste panorama sur la vallée du Jourdain. Cela vaut l’effort consenti.
Et nous voici au bord du lac de Tibériade après avoir longé la vallée du Jourdain, ce lieu mythique pour les Chrétiens : Jésus appelant les pêcheurs Jacques, Jean et Simon-Pierre à le suivre ; les paraboles, les pêches miraculeuses, les guérisons, les miracles et, devant nous, un lac paisible aux eaux émeraude, bordé d’oliviers et d’arbres fruitiers, avec au-delà les montagnes du Golan. Doit-on l’appeler « mer de Kinneret » pour sa forme de lyre, « mer de Genesareth » pour son emplacement dans une plaine résultant de l’effondrement du Jourdain, « mer de Galilée » ou tout simplement « lac de Tibériade ».
Autant d’appellations qui montrent l’importance de cette vaste étendue d’eau douce, de tout temps source de vie et, aujourd’hui, gigantesque réserve d’eau pour les israéliens qui ponctionnent un million de m3 d’eau par jour pour leurs besoins et l’irrigation de leurs terres désertiques.
Aujourd’hui nous nous contentons d’un premier contact avant de rejoindre Nazareth, par une très belle route escarpée, bordée de cultures intensives, dont de nombreuses bananeraies qui nous évoquent la Martinique (la ressemblance s’arrête là !!!).
La traversée du village de Kama : « Kafr Kama » où vivent regroupés les descendants d’émigrants circassiens musulmans, originaires du Caucase (fichus blancs et jupes fleuries pour les femmes, tenue noire et sorte de chéchia pour les hommes) nous rappelle la diversité ethnique d’Israël : enrichissement et source de conflits.
Et puis, tout à coup, dominant une vaste plaine, le Mont Tabor, lieu de la transfiguration du Christ et de la révélation de sa divinité sous les yeux de Pierre, Jacques et Jean.
Une route étroite serpentant dans un paysage de chênes lièges, semblable à celui que Pierre (N.D.L.R. : pas le Saint) a connu en montant sur Bugeaud, débouche sur un vaste plateau où se dresse la basilique de la Transfiguration, gardée par des Franciscains, derrière l’une des portes médiévales de l’ancienne forteresse arabe.
Beaucoup de simplicité, de pureté et de force dans cette vaste église, reconstruite en 1924 et dont l’architecture intérieure très dépouillée laisse toute sa puissance à la mosaïque centrale représentant le Christ transfiguré.
Et, enfin, Nazareth, la ville où tout a commencé : l’Annonciation à Marie, jeune fille de la ville, fiancée du charpentier Joseph.
Nazareth, vaste bourgade où se pressent de nombreux pèlerins, dont la population est aujourd’hui étrangement composée de 2/3 de musulmans, 1/3 de chrétiens, non pas seulement lieu de pèlerinage comme en témoignent les multiples églises mais aussi lieu de vie avec ses souks animés, sa mosquée.
Comme pour marquer les limites à la cohabitation, un panneau « Terra Sancta » vous invite, croyant ou tout simplement curieux, à venir méditer devant la grotte où l’Ange Gabriel a rendu visite à Marie. Certes la grotte n’est plus à ciel ouvert, depuis longtemps, les églises construites dessus se sont succédées, dont la première aurait peut-être été bâtie à l’instigation d’Hélène (toujours la famille…). Une vaste basilique moderne composée de deux églises intérieures, l’une supérieure, lieu traditionnel du culte à laquelle nous n’avons pu accéder, une messe s’y déroulant et l’église inférieure menant à la « Grotte de l’Annonciation ».
Encore une fois, beaucoup d’émotion est générée par ces lieux qui, il nous semble, ne peuvent laisser indifférents.
Difficile, une fois de plus, de trouver trace de Joseph .Son échoppe de menuisier est peut-être ensevelie sous l’Église de la « Sainte Famille » rappelant l’enfance de Jésus avec ses parents, peut-être se trouve-t-elle sous le couvent des Dames de Nazareth ?
Nous regagnons « Logos ». Images, réflexions, questions se pressent dans notre tête.
20 mai 2005
« Ce n’est qu’un au revoir… »
Notre première étape, Akko ou Saint-Jean-d’Acre. Orient et Occident s’y confondent. Croisés et Ottomans s’y opposent. Richard Cœur de Lion s’y illustre au nom de la « Guerre Sainte » (ces deux mots ne sont-ils pas antinomiques ?). Le glorieux vainqueur de la campagne d’Égypte, Bonaparte, y subit son premier cuisant échec, obligé par El Jazzar Pacha de battre en retraite après 60 jours de combat, malgré l’assistance de ses 13000 soldats : « Si j’avais pu prendre Akko, j’aurais été le maître du monde ! » (Pourquoi a-t-il continué à faire tuer tant d’hommes alors qu’il savait dès ce moment que la partie était perdue… vanité ? incrédulité ?)
Akko, aujourd’hui ville moderne, mais dont le port, l’ancienne ville des croisés et la ville arabe portent encore tout le poids de l’histoire.
On s’attend à voir quelque chevalier, quelque moine soldat surgir au détour d’une ruelle.
À moins que ce ne soit quelque caravanier rejoignant avec son précieux chargement d’étoffes ou d’épices le caravansérail « Khan El Omdan » où se pressent chameaux et marchands. Nous n’avons devant nous qu’une vaste cour entourée d’une galerie supérieure, à l’élégance d’un cloître romain.
Ici encore, carrefour de croyances, cohabitation apparemment harmonieuse : nous sommes vendredi et de nombreux fidèles se pressent à la mosquée, la plus grande d’Israël.
Une grande bouffée d’oxygénée nous est offerte par un beau site naturel côtier, situé à la frontière libanaise : Rosh Haniqra. Certes barbelés, miradors et radars ont de quoi surprendre un Européen pour lequel une frontière se résume souvent à un ralentissement de voiture entre deux guérites.
Là c’est le site qui nous intéresse : de hautes falaises de craie blanche dominent une côte rectiligne, comme l’est toute la côte israélienne, falaises creusées de grottes par l’érosion de la mer, effets de vagues dignes de Belle-Île.
C’est en cable-way (traduisez téléphérique !) que l’on accède aux grottes : 102mètres à parcourir, 60mètres de dénivellation, 80secondes pour parvenir à la plate-forme inférieure. Pas vraiment le temps d’être flippant, sauf au moment où vous entendez la sonnerie du téléphone d’un autre passager se mettre à jouer « Ce n’est qu’un au revoir »… alors, dans ces moments là, les secondes comptent double !!!
De belles grottes où la mer s’engouffre avec force nous attendent et les gémissements de la future mariée qui, selon une légende, choisit la mort depuis le haut de la falaise en se précipitant dans les flots avec son cheval plutôt que de subir un mariage contre son gré. Sinistre romantisme habilement exploité par le restaurateur installé sur la plate-forme inférieure pour lequel tout mariage fêté en ce lieu est voué au bonheur… difficile de comprendre le lien, à moins que le bonheur ne soit celui du restaurateur qui remplit son escarcelle !!! En fait, la vaste terrasse face à la mer est superbe.
Rosh Haniqra, ce fut aussi un lieu de passage des caravaniers, un lieu de passage des armées, qu’elles soient syriennes, libanaises, israéliennes, égyptiennes, anglaises : un tunnel long de 250 mètres pour le chemin de fer reliant Haïfa à Beyrouth, obstrué depuis 1948, par dynamite pour empêcher l’invasion de l’armée libanaise.
Retour par le Carmel, mont dominant Haïfa et offrant une belle vue sur la ville et la côte. Autrefois réservé aux villages druzes, ses pentes ont été progressivement investies par de luxueuses demeures, en faisant la banlieue résidentielle d’Haïfa. Une petite pause s’impose à nos pauvres esprits. Demain c’est Shabbat. La vie s’arrête. Nous aussi. D’ailleurs la marina a commencé à s’animer, et le quai fourmille comme les Champs-Élysées un samedi soir. Il faut dire que le congé pour Shabbat commence souvent dès le vendredi après-midi.
21 mai 2005
« Shabbat »
Une longue journée s’offre à nous. Classement et filtrage des nombreuses photographies faites, préparation des visites de la semaine suivante. De nombreux voiliers, déserts pendant la semaine ont pris vie. Certains sortent faire un tour en mer, c'est-à-dire faire quelques ronds dans l’eau en tirant des bords avant d’apponter à nouveau. Ici, pas de belles criques boisées comme en Turquie, pas de petite île où jeter l’ancre, c’est vraiment la mer pour la mer ! Même les plages méditerranéennes sont peu engageantes, assaillies par de nombreux rouleaux malgré les brise-lames artificiels.
Seules les écoles de voile semblent très efficaces et soumettent leurs futurs régatiers à une dure discipline, et pas seulement les régatiers, puisqu’en Israël il faut être titulaire d’un permis réputé difficile pour avoir l’autorisation de barrer un voilier. Les européens feraient bien de s’en inspirer, eux qui permettent la location ou l’achat d’un voilier sans aucun contrôle de compétences !!!
Pas de « falafels » au menu comme les jours de visite, ces petites boulettes frites de pois chiche et herbes qui font notre régal et que nous avions pensé rejeter de notre alimentation présence d’ail annoncée- ail ou pas, nous ne le saurons jamais, mais servies avec une assiette de crudités variées, elles sont savoureuses.
Aujourd’hui à bord c’est salade de papaye (presque un goût de mangue) et poisson mariné, sans oublier l’avocat qui vous fond dans la bouche et les curieuses figues de barbaries que nous avons achetées à un jeune vendeur d’un Kibboutz : entre le kiwi, le lichie avec une enveloppe de figue de barbarie mais sans les épines…
Même le site « fruits tropicaux » d’Internet n’a pas pu nous renseigner sur ce fruit que nous n’avons retrouvé nulle part ailleurs.
Tristan a rejoint nos correspondants MSN. Échanges directs tellement agréables qui atténuent l’éloignement. Certes, c’est un confort que seules les grandes marinas offrent et auquel on s’habitue vite : échanges affectifs, recherche d’informations, mais c’est toujours cela de pris.
22 mai 2005
« Il a osé... ! »
Hé oui c’est dimanche, un jour comme les autres ici ; cela surprend toujours !
Quel long week-end si nous nous entendions pour profiter des avantages de chacun : le vendredi musulman, le samedi juif et le dimanche chrétien…
Nous voici repartis pour Tibériade sur les pas de Jésus pour compléter notre connaissance des sites marqués par son passage.
Tibériade, une des quatre villes saintes du Judaïsme, pour les docteurs de la loi qui y ont sévi et y sont enterrés. Essentiellement une ville réputée depuis l’Antiquité pour la qualité de ses sources d’eau chaude. Seule la « Grande Synagogue » avec son pavement en mosaïque où se mêlent motifs mythologiques et figures humaines retiendra notre attention, l’accès à l’Église Saint Pierre, annexée par un hospice n’étant pas possible un dimanche (???).
Difficile pour Pierre de résister à un bain dans les eaux de ce lac et fut-il irrespectueux ou facétieux, il a osé marcher sur les flots sous l’œil complaisant du photographe … Suffisait-il d’y croire ??
Cette facétie sera vite pardonnée au Mont des Béatitudes par l’enseignement même de Jésus « Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux est pour eux » (N.D.L.R. : J’ai déjà Martine !!!)
Après une belle montée en voiture parmi les bananeraies (où sont les vignes du Seigneur annoncées par le guide ?) un splendide sanctuaire moderne s’offre à nos yeux, encadré de hauts cyprès et de palmiers. Lieu paisible s’il en est, propice à une longue méditation face à un splendide panorama sur le lac de Tibériade.
Les huit Béatitudes sont transcrites sur les murs au grand dam de Saint Augustin qui n’en acceptait que 7 au nom du chiffre biblique (il fallait bien qu’il cherche à se faire remarquer après le zèle déployé par Hélène et Paul !!!).
Au pied du mont, Tabgha, où eut lieu le miracle de la multiplication des pains et des poissons, destinés à nourrir la foule nombreuse qui était venue écouter la parole de Jésus. Une belle mosaïque dans l’église illustre ce moment et renseigne sur la faune et la flore de la région de Tibériade à cette époque. Tabgha, c’est aussi le lieu où Jésus confirma Pierre dans sa mission de Chef de son Église.
Et puis, toute proche, Capharnaüm, la ville de Pierre et refuge de Jésus pour y continuer son ministère public, enseignant dans la synagogue et dans les villages voisins, après que Jean le Baptiste eut été arrêté. Une église nouvelle bâtie sur pilotis, suspendue comme un Lem au dessus des ruines de la maison de Pierre, accueille les pèlerins.
Une petite, toute petite incursion dans le Golan, territoire syrien jusqu’en 1967, annexé par l’État d’Israël en 1981 et toujours objet de revendications. Pas question de quitter la route suivie, des panneaux « DANGER : MINES » jalonnant les terrains des bas côtés. De hauts plateaux dominant à 1300 mètres dont les sources nombreuses participent à l’approvisionnement en eau d’Israël. Car on le comprend aisément, en parcourant ce pays autrefois très aride, le problème crucial pour la mise en exploitation des zones encore désertiques, et l’irrigation des zones déjà exploitées, c’est l’eau. Alors Israël pompe l’eau sans relâche, transformant les déserts en oasis verdoyants, en cultures extensives.
Même la conquête du Néguev semble se mettre en place si nous en jugeons par toutes les nombreuses prises d’eau rencontrées.
C’est en redescendant du Golan que nous traversons, par un pont d’origine militaire, le Jourdain où des jeunes se baignent. Que d’évocations purificatrices viennent à l’esprit lorsqu’on découvre ce cours d’eau. Peut-on parler de fleuve ? Quelle que soit l’appellation géographique qui peut lui être attribuée, il est et fut de tout temps source de vie.
23 mai 2005
« Le fils de Dieu fait homme »
Nous ne pouvions que terminer ce long pèlerinage par Bethléem et Jérusalem. Le début et la fin de 33 ans de vie terrestre.
Une « rapide 4 voies ». Jérusalem n’est qu’à 62 kilomètres de Tel-Aviv, des collines investies de cubes blancs écrasés par le soleil : vision d’une ville céleste, mirage ? Jérusalem s’étend devant nous comme figée dans l’éternité.
Des panneaux « Old city » (quelle bénédiction lorsque les indications sont données en anglais, car comprendre l’écriture hébraïque relève du prodige) nous mènent au cœur historique de la ville, révélé par les hautes murailles de Soliman le Magnifique (toujours les mêmes... !).
Notre Opel Corsa se retrouve par hasard heureux dans le parking d’un grand hôtel voisin. La Ville Trois fois Sainte nous attend.
Entrée engageante par la célèbre porte de Jaffa (il y a huit portes). Tout semble clair, nous sommes dans la ville basse, l’ancienne Cité de David, et, dès l’entrée, « la tour de David », accès à la Citadelle, nous propose une découverte intéressante de l’histoire de Jérusalem avec une belle vue sur Jérusalem depuis les remparts. Un chemin de fer miniature tourne dans la cour intérieure : des trains mythiques : L’Orient Express, le train de Buffalo Bill « wild west show »…lien avec David ??? Amusant !
Jusque là tout semble simple, suivre le plan… Eh bien pas du tout ! Tout se complique très vite lorsque l’on se retrouve dans les rues tortueuses du quartier arménien avec des maisons aux courettes bien closes, pas ou peu de commerces. Et puis c’est le quartier musulman, même ruelles mais celles-ci grouillantes et envahies par les petits commerces … nous sommes en plein souk.
On cherche la « Via Dolorosa », cette douloureuse montée du Christ jusqu’au Golgotha.
Des marches parmi les étals, et de temps en temps, une plaque, rarement une minuscule chapelle rappelant l’une des 14 stations du Chemin de Croix. Difficile de faire preuve de piété ou d’imagination. D’ailleurs s’agit-il vraiment de la voie empruntée par Jésus ou était-elle déjà ainsi ?
Nous voici en vue du Saint Sépulcre, en plein chœur du quartier chrétien. Six communautés chrétiennes pour gérer ce lieu saint : catholiques, latins, grecs orthodoxes, arméniens, syriaques, coptes et éthiopiens, une cohabitation encore très difficile malgré la préoccupation commune : préserver ce Haut Lieu de la Chrétienté.
Dés l’entrée, la « Pierre de l’Onction » (dalle sur laquelle Jésus aurait été placé à sa mort) sollicite le recueillement. Mais ensuite, dés que l’on pénètre dans la vaste rotonde, tout est assombri et confus. Au centre, une chapelle close ornée, en façade, de marbres et hauts candélabres.
Beaucoup de dorures, une porte étroite gardée par un cerbère orthodoxe régulant avec une fermeté agressive l’accès à la chapelle de l’Ange puis au tombeau du Christ. Et pourtant, ce jour-là, nous n’étions que peu de pèlerins. Beaucoup d’apparat, beaucoup d’encens, des icônes… une ambiance typiquement orthodoxe qui, pour nous, ne favorise pas le recueillement et la prière, dommage ! Nous aurions préféré une atmosphère de cloître cistercien plus proche de notre sensibilité religieuse (encore un coup des grecs).
Une visite à la « Crypte d’Hélène » gérée, elle, par les arméniens. C’est en ce lieu où furent trouvées les 3 croix qu’Hélène fit bâtir une basilique dont il ne reste que la crypte.
Sur le parvis du Saint Sépulcre, tout un groupe de jeunes soldats et « soldates » en goguette se font photographier. Images souvent insolites qu’offre Israël.
Des ruelles, encore des ruelles pavées, les souks. Tiens les « Rabbi Jacob » se concentrent (c’est notre Garance qui serait contente), de toutes tailles, de tous âges, de toutes bouclettes... Nous approchons du Mur Occidental ou Mur des Lamentations (Abraham et Isaac, Hérode…), fondement de la foi hébraïque, symbole de toute une Nation après un long exil.
En fait, lieu de recueillement, de prière, de vœux. Après fouille de son sac et port de kippa en carton offerte, Pierre est autorisé à s’approcher du lieu saint. Il me faudra attendre son retour pour être à mon tour admise du côté réservé aux femmes…. Surtout ne pas tourner le dos au mur, tu recules, recules jusqu’à l’entrée…difficile à faire lorsque cela n’évoque rien pour toi… mais une grande loi en pays étranger : toujours respecter les usages…
Attenante, l’Esplanade du Temple dominée par le Dôme de la Roche dont l’or étincelle au soleil. Sanctuaire pour les juifs, Yahvé y arrêta le bras d’Abraham prêt à sacrifier son fils Isaac, haut lieu de la spiritualité pour les musulmans (après La Mecque et Médine) avec la célèbre mosquée El Aqsa.
L’accès en étant très strictement réglementé et très limité dans le temps, nous devrons nous contenter d’y jeter un coup d’œil.
16 kilomètres à pied dans la « Capitale de l’Eternité » (Pierre expérimente un nouveau gadget de routard : le podomètre qui enregistre ses déhanchements !!!) et toujours le sentiment d’une complexité qui nous dépasse, une impression de trop, de pas assez.
Nous décidons alors de terminer cette journée par le Mont des Oliviers, blanchi de loin par les nombreuses tombes du cimetière juif. Un paysage âpre, rocailleux parsemé de buissons, de rares palmiers et d’oliviers, mais, depuis le sommet, un magnifique panorama sur Jérusalem.
En bas, un jardin clos avec quelques oliviers millénaires : le jardin de Gethsémani : une grande paix comme si nous avions la réponse à l’angoisse vécue en ce même lieu par le Christ.
Dommage que la Basilique de toutes les Nations construite à côté du jardin, œuvre d’un architecte italien au début du 20e siècle ne dégage pas, malgré la belle mosaïque représentant le baiser de Judas, autant de spiritualité.
Bethléem nous attire, mais pénétrer en territoire palestinien nous inquiète un peu. L’aventure oui mais avec des risques mesurés autant que faire se peut (nous éviterons donc tous les territoires palestiniens enclavés : Jéricho, Hébron, Gaza.., mais Bethléem... !!!).
Un chauffeur de taxi rencontré au Mont des Oliviers sera notre clé pour l’accès à ce lieu saint : 10 kilomètres, formalités d’entrée simplifiées… pas d’explications, seule présentation de nos passeports au poste israélien, un haut mur de béton construit par Israël (malheureusement du déjà vu à Berlin), le poste frontière palestinien.
Il est 17 heures 30, un guide palestinien nous mène à la Basilique de la Nativité, église fortifiée dans laquelle nous pénétrons par une petite porte de pierre (1m20) en nous baissant, signe d’humilité, barrière anti-chevaux ottomans ? Pénétrons-nous dans la grotte des bergers ?
Effet voulu ou pas, c’est une imposante nef ornée de 44 colonnes corinthiennes de calcaire rouge qui s’offre à notre regard (encore l’œuvre d’Hélène et de son fils Constantin). Trois chapelles rappellent que trois communautés chrétiennes se partagent la garde de ce lieu saint : les Orthodoxes, les Arméniens, les Franciscains.
Une petite porte de bronze, très discrète, nous descendons dans la « Grotte de la Nativité », ce lieu tant de fois représenté pour Noël, que ce soit dans les églises ou les foyers chrétiens, tant de fois recréé par les peintres, imaginé dans nos pensées. Pas de paille, pas de mangeoire, une petite pièce rectangulaire à la voûte noircie, sans doute par la fumée des cierges qui s’y sont consumés, quelques tableaux religieux opacifiés aux murs et un autel surmontant une dalle où une étoile d’argent, éclairée de 15 lampes (en rappel des 15 sectes chrétiennes ???) marquent le lieu de la naissance de Jésus. C’est toujours surprenant de confronter son imaginaire à la réalité des lieux. Cela ne change en rien ni l’espéré, ni le vécu.
Un passage et notre guide nous conduit à l’église voisine dite « Église de Sainte Catherine » où a lieu une messe chantée. Beaucoup de ferveur, de nombreux fidèles, dont plusieurs petites filles vêtues de blanc (une tradition pendant le mois de Marie). C’est ici que se célèbre chaque année la grande messe solennelle de la nuit de Noël, retransmise dans le monde entier. La sortie se fait par un cloître très élégant orné de palmiers qui prolonge une sorte de rêve. Nous sommes à Bethléem, là où tout a commencé.
Notre guide nous reconduit à notre taxi, non sans nous offrir auparavant une tasse de thé à la menthe dans sa boutique de souvenirs… difficile de dire non,d’autant que c’est la dernière à résister à la disette touristique. Difficile de vivre en Palestine mais à qui la faute ? Résultat, une nouvelle petite croix d’or orne mon cou : la Croix de Jérusalem, les 4 petites croix périphériques symbolisant les clous ayant fixé le Christ sur la croix centrale.
Retour vers notre voiture qui nous attend sagement au Mont des Oliviers.
Notre long pèlerinage aux sources judéo-chrétiennes de notre éducation et de notre foi s’achève. Notre réflexion commence.
24 mai 2005
« Du passé au futur »
Israël, c’est un pays façonné par l’histoire, quelle soit religieuse ou politique, un pays vieux de milliers d’années, mais aussi une toute jeune nation, acharnée à défendre son territoire, à affirmer son identité, en dépit de la diversité des ethnies qui la composent, d’origines tellement variées. Une succession d’exils, de soumissions.
14 mai 1948 : l’Indépendance de l’État d’Israël est proclamée par David Ben Gourion.
Mai 2005 : les zones désertiques reculent au profit de vastes zones cultivées ou de réserves où la nature sera préservée, les grandes villes explosent et font preuve d’une richesse architecturale innovante. Tout témoigne d’un dynamisme créatif.
Aujourd’hui, Tel-Aviv, cité nouvelle, aux larges avenues bordées de palmiers, aux vastes espaces paysagés, aux hauts buildings révélant la hardiesse architecturale des architectes (jamais de hauts parallélépipèdes massifs mais des échancrures, des pentes, des arrondis, une dissymétrie organisée…). Capitale culturelle et intellectuelle. Capitale du monde des affaires et des grands organismes.
Jérusalem, capitale politique mais ville d’orient, tournée vers le passé.
Tel-Aviv, ville d’occident, tournée vers le futur.
Le marché aux légumes et fruits dit « Kamel market » (lien avec les chameaux ???) étant réputé, nous allons y faire un petit complément d’avitaillement car nous projetons un circuit de 5 à 6 jours vers le Néguev, puis la Jordanie. Quelques mots échangés en Français avec un commerçant.
Un petit port de carte postale, en voie de restauration, jouxte Tel-Aviv et, après avoir été laissé à l’abandon, prend des airs de « Petit Montmartre », maintenant destination prisée des artistes et des promeneurs. Il s’agit de Jaffa ou Yafo dite « la belle ». Le petit port a l’air très sympathique, avec essentiellement des pêcheurs, mais l’entrée en semble assez sportive. Hasard d’une rue parallèle : le marché aux puces dit, ici, « Marché aux punaises »… Montreuil en Israël ! D’émouvantes poupées des années 40 nous parlent d’Exodus et semblent avoir le regard plein tristesse, un superbe side-car de l’armée allemande nous évoque l’occupation.
25 mai 2005
« Batteries à recharger… même les nôtres »
Une longue journée sera bien nécessaire à la préparation de notre petite virée : bagages à emporter, notes à préparer pour le choix des spots à visiter…
Logos a regagné un appontement moins visiteur… Il s’est fait des copains israéliens… pas difficile, à part « Tololea », pour l’instant il n’y a que cela !!
En fait, il tirait un peu sur ses amarres, et se trouve maintenant plus au calme.
Pierre, soucieux de la vétusté des batteries en a commandé deux nouvelles… encore de l’occupation pour la journée.
26 mai 2005
« Plein sud »
Tout d’abord, direction Sud Est avec la Mer Morte, suivre la 2, puis la 1 jusqu’au bout… pas trop difficile à mémoriser. Une longue descente avec, au début un panneau : « Sea-level ».
La Mer Morte est en contre bas, devant nos yeux, d’un bleu clair assez indéfinissable, bordée par les hautes montagnes de Jordanie. Nous serons à 450 mètres sous le niveau de la mer, le point le plus bas du globe. Nous y tenterons le bain rituel à la pause pique-nique.
Qoumran et les célèbres Manuscrits dits de la Mer Morte, découverts par hasard en 1947 dans de grandes jarres scellées, cachées dans des grottes. Écrits en Araméen, langue parlée par Jésus ou en Hébreu il y a plus de 2000 ans, l’un d’entre eux révèle le texte du Livre d’Isaïe annonçant la venue d’un messie, référence pour le Judaïsme.
La vision d’un film retraçant la vie de la communauté qui vivait ici à l’époque de Jésus nous éclaire sur ces Esséniens, secte juive en quête d’une grande spiritualité, sortes de moines pour lesquels la purification par l’eau était essentielle, d’où l’importance des citernes que nous pouvons rencontrer pendant notre visite. Jean- Baptiste aurait partagé leur retraite pendant 2 ans. Aurait-il pris ici le besoin de purifier, de baptiser par l’eau ?
Une très belle perspective sur la Mer Morte que nous longerons pendant plusieurs kilomètres sans possibilité de nous arrêter, l’accès aux rives étant très sérieusement contrôlé et limité aux seules plages surveillées et munies de douches.
C’est donc à Minéral Beach, plage en dehors des circuits touristiques que nous décidons de jouer les « bouchons » sur l’eau. Une petite plage bordée de parasols en palmes de cocotiers, un mirador avec maître nageur, une antenne médicale en cas d’ingestion d’eau de mer ou d’éclaboussures dans les yeux. C’est du sérieux : concentration en sel 8 fois supérieure à celle de l’océan… même un poisson pourrait marcher … mais voilà il n’y en pas, pas plus que d’algues. Seulement les touristes amusés que nous sommes, ou des curistes sollicitant les bienfaits de cette eau si chargée en sels minéraux… nous avons essayé la boue (le Tupperware pique-nique a même été rempli de cette boue bénéfique). J’expérimente aussi les produits de beauté !!! À l’étude pour les effets escomptés ! (N.D.L.R. : pas besoin de boue pour m’agenouiller d’extase devant Elle !).
L’eau est a plus de 30°C…un bon entraînement pour la Turquie.
Mais nous ne sommes pas là pour bronzer. Un autre site archéologique nous attend, puis la recherche d’un gîte pour ce soir.
Massada, symbole de résistance pour l’armée israélienne en mémoire du millier de juifs, qui retranchés dans cette forteresse construite sur un piton rocheux dominant le désert du Néguev et la Mer Morte, a préféré se donner la mort plutôt que de tomber aux mains des romains.
Un site époustouflant auquel on accède soit par un sentier « snake path », une bonne heure à pied, à flanc de montagne (nous opterons pour la descente seulement…), soit par un moderne téléphérique.
L’ancienne cité du roi Hérode le Bâtisseur, une citadelle imprenable où il faisait cependant bon vivre, trois palais, des citernes, un réseau hydraulique.
Ultime refuge des Zélotes, ardents nationalistes s’opposant à l’annexion des lieux saints par les Romains.Aujourd’hui, un site fascinant de par sa situation, la couleur de la roche que le compose, le panorama qu’il permet d’embrasser.Les infrastructures hôtelières étant peu nombreuses en dehors des grandes villes et relativement onéreuses, c’est en remontant un peu dans le Néguev que nous trouverons un hôtel pour la nuit… Le seul hôtel en activité à Arad. Il faut avouer qu’à part les pèlerins, il semble y avoir peu de touristes en Israël.
27 mai 2005
« Et pourquoi pas Pétra ? »
Arad se trouve juste au-dessus d’une zone volcanique éteinte composée de deux volcans, en fait vaste caldeira creusée par l’érosion et entourée de puissantes murailles, toujours fascinant pour la couleur des roches, leurs formes…
Une route étroite transformée en piste par les camions des exploitations de phosphate, car avant d‘irriguer le désert pour le transformer en luxuriantes oasis, les israéliens creusent, prélèvent : phosphate, gypse… une vaste caldeira d’explosion sillonnée d’oueds (asséchés en cette période de l’année), de canyons. Quelques tentes bédouines, quelques oiseaux dont la présence est surprenante dans un lieu aussi désertique. C’est le spectacle qu’offre le Makhtesh Ramon dit «Petit Cratère».
L’impression d’être au cœur de la terre, en face de l’un des sommets de l’art minéral (Pierre en extase… moi, pendant ce temps, je ramasse des cailloux).
Un très beau site, très bien analysé mais en hébreu, une étude géologique qui satisferait le plus puriste des profs.
La route longe la frontière jordanienne comme en témoignent les barbelés qui la bordent à notre gauche.
Un autre chef d’œuvre façonné par la nature nous attend à la réserve de Timna (par réserve entendre espace protégé). Une longue promenade en voiture et à pied dans un parc minéral aux formes évocatrices, sculptées par l’érosion dans le grès : le champignon, les arches, les piliers de Salomon. Un festival de couleurs et de formes dans ce lieu où le roi Salomon faisait extraire du minerai de cuivre par les esclaves égyptiens.
Un déjeuner sous un tente bédouine nous permettra de récupérer de fatigue et chaleur.
Direction Eilat, où nous comptons passer la nuit et peut-être effectuer une plongée.
Une longue route plate, ennuyeuse, monotone, très fréquentée… et toujours pas question d’accélérer : 90 à l’heure (N.D.L.R. : théoriques !!!).
Voici Eilat, grande station balnéaire touristique, en fait la seule que possède vraiment Israël. De grands hôtels, un port de commerce (la marina se trouve sur le même plan qu’Aqaba), des voitures, des plongeurs traversant la rue avec leurs bouteilles sur le dos et, en plus, c’est le week-end shabbatique…, les hôtels sont pleins… Si nous passions la frontière jordanienne dès ce soir pour rejoindre Aqaba, cela ne peut être pire qu’ici.
itôt dit, sitôt fait. Nous rebroussons chemin jusqu’à la « border » (comprendre frontière)… pas un chat ! Il est 16h30. Un parking ombragé pour laisser notre voiture. Impossibilité de passer la frontière avec sa voiture, location ou propriété personnelle, pas fous les jordaniens … cela fait travailler leurs chauffeurs ou loueurs !
Check out des autorités israéliennes, 2 à 300 mètres de no man’s land. Impressionnant de marcher seuls avec nos sacs entre deux hauts grillages sous le regard curieux de douaniers… On se prendrait presque pour les héros d’un film.
Check in des autorités jordaniennes, deux contrôles de passeports, une fiche « visiteurs » pour éviter le visa tamponné sur le passeport qui pourrait ensuite nous poser problème, investigation du sac ordi et chargeurs de Pierre… oui toujours le même… il en aura suscité des curiosités douanières. Beaucoup de bonhomie, pas de stress, un accueil courtois. Nous voici admis en Jordanie.
Un taxi pour Aqaba ? (N.D.L.R. : Nous ne sommes pas encore à Tobrouk !). Peut-être un problème à cette heure alors que nous sommes les seuls à avoir passé la frontière. Pas du tout, il est là qui nous attend, prêt à nous mener à Aqaba pour 4 dinars jordaniens (je m’y perds dans mes porte-monnaie).
Mais, après tout, pourquoi Aqaba alors que nous souhaitons aller visiter Pétra… ?
Pourquoi pas Pétra directement, et c’est là que nous découvrons la remarquable efficacité des réseaux touristiques jordaniens et l’usage fait des téléphones portables dans les lieux les plus reculés… téléphone arabe by GSM dit Pierre.
C’est ainsi qu’à 19h15, juste à temps pour le dîner, nous nous retrouvons dans un petit hôtel de Pétra, «Valentine Inn», situé à flanc de colline, face au site. 120 kilomètres parcourus sans presque nous en être rendus compte, pas de stress de conduite, pas de vitesse à respecter (de mieux en mieux, ici c’est 80, mais en fait personne ne respecte cette limitation et chacun se contente d’un bon coup de frein à la vision d’une voiture de police…), pas de carte à suivre, rien que le plaisir de regarder les villages bédouins avec leurs chameaux, leurs troupeaux de chèvres et de moutons, le désert.
« Djamel », notre chauffeur, se propose même de venir nous reprendre pour nous mener à notre étape suivante : le désert du Wadi Rum. OK ! Tout confort.
La température a fraîchi, nous sommes à 1500 mètres d’altitude. Le barbecue sous la tente bédouine est apprécié.
Appel du Muezzin dans la nuit de Pétra.
28 mai 2005
« Indiana Jones à Pétra »
5h : Nouvel appel du Muezzin. La petite ville de Wadi Musa brille encore dans la nuit.
5h30 : Les coqs se déchaînent, et semblent rivaliser.
6h : Un âne se met à braire frénétiquement.
6h15 : Nous sommes déjà debout, terriblement excités à la perspective de découvrir Pétra. Nous prendrons la navette de 7 heures pour rejoindre l’entrée, prêts à explorer ce site mythique de l’ancienne cité Nabatéenne, l’une des merveilles du monde inscrite au Patrimoine de l’Unesco depuis 1985. Nous découvrirons Pétra, tout d’abord avec l’assistance d’un guide parlant français pour ne rien perdre des explications, puis seuls.
C’est Khaled, jeune guide de 27 ans, plein d’humour, de gentillesse et de joie de vivre qui guidera nos premiers pas. Trois heures passées avec lui et quelques 5 kilomètres… mais, en fait, 10 kilomètres pour nous aujourd’hui et 6 demain (toujours ce fameux podomètre de Pierre qui fait l’envie de notre guide) et pas que du plat, loin de là !
Une pente douce le long de la clinique vétérinaire des nombreux chevaux ou ânes qui arpentent le site, deux tombeaux, les restes d’une ancienne arche, le long défilé du Siq entre deux hautes falaises. L’aventure pétraéenne ou plutôt nabateo-romaine commence. Nous nous sentons tout petits. Les yeux s’ouvrent tout grands : « Vois ces couleurs ! » « Regarde ce tombeau ! »
Le défilé se resserre, comme pour mieux livrer au regard le premier chef d’œuvre architectural de l’artiste nabatéen : le Khaznah ou Trésor déjà éclairé par une douce lumière rasante. Puis tombeaux, temples, palais se succèdent (plus de 800) tous plus monumentaux les uns que les autres. Chaque pan de roche semble avoir été investi par l’homme pour en faire une œuvre d’art figée dans le temps, figée par le temps. Rien ne semble l’avoir arrêté, ni l’à pic de la falaise, ni la difficulté du mont à gravir. Il a taillé sans relâche, gratifié de ses efforts par la variété des couleurs offerte par la roche.
Pétra, la ville rose dit-on, mais aussi la ville rouge … et pourquoi pas ocre ou bleu ?
C’est une véritable palette de peintre que la nature propose à l’artiste, une palette changeante selon les heures du jour. Car, en ce site, tous deux rivalisent, tous deux surprennent par la beauté des formes, par les couleurs.
Tout étonne et émerveille en ce lieu aux dimensions démesurées, choisi par un peuple, à l’origine nomade, pour en faire l’une des plus riches cités commerciales du monde antique, le passage incontournable des caravanes sillonnant le Moyen Orient.
Derrière Khaled, nous gravissons la plate-forme menant aux Tombeaux Royaux : la tombe de l’urne, la tombe de la soie… autant d’édifices aux dimensions monumentales qui ont pu servir de sépulture aux rois et à leurs proches, Malchus II, Arétas IV ?
Nous longeons le théâtre nabatéen, mais d’inspiration romaine car grands voyageurs pendant leur nomadisme, les nabatéens se sont inspirés des styles et techniques des pays traversés. L’écriture leur est connue, de même que la canalisation et la préservation de l’eau nécessaire à l’approvisionnement d’une ville de plus de 40000 personnes.
De la ville basse où devaient résider une grande partie des citoyens, il ne reste que des ruines, résultat de séismes, ruines que des archéologues de tous pays s’efforcent de redresser comme la porte du Temenos, les colonnes du temple… ou de remettre à jour.
C’est là que Khaled nous quitte après quelques explications pour la suite de notre visite. Merci de nous avoir aidés à mieux comprendre Pétra.
Notre lunch-bag nous attend pour une petite pause avant la lente montée vers le Monastère du Deir. Une heure d’ascension le long d’un ravin (des marches facilitent la montée) de magnifiques panoramas sur Pétra ; et puis, tout en haut, le Deir qui se dresse sur une plate forme, encore plus imposant que le « Trésor ». Tombeau, puis église, aussi large que Notre-Dame de Paris, deux niveaux, une urne énorme au sommet.
Une chorale d’hommes (des touristes comme nous) y a pénétré pour faire résonner quelques chants dans ce vaste édifice… grandiose ! (à suggérer à Jean pour sa chorale !!!).
Encore une tente bédouine pour un délicieux thé à la menthe… les mollets commencent à souffrir.
Effectivement le retour sera difficile, très difficile. Certes l’enthousiasme n’a pas faibli, mais les kilomètres parcourus se font sentir…NON, NON, je ne monterai pas sur un âne !!! Et pourtant d’autres le font !!!
Pierre arbore depuis Massada, un splendide chapeau de bushman australien : un Barmah !!! Dire s’il se taille un franc succès : Indiana Jones en personne ; il assume !!!
La voiture de l’hôtel est là pour nous. Quelle journée !!!
29 mai 2005
« Elle l’a fait... ! »
Ce matin, navette de 8 heures. Retour à Pétra, dès fois que nous n’ayons pas tout vu. Djamel viendra nous chercher à 15 heures pour nous conduire au Wadi Rum. Nous avons donc tout le temps de monter à l’autel des sacrifices « High Place », en fait d’ascensionner le Djebel al-Madhbah (1041 métres), pour redescendre après par le Wadi Farasa. Une longue promenade de 4 heures. Surtout à faire à la fraîche. Un escalier interminable le long d’un étroit ravin, chemin de la procession antique jusqu’au Haut Lieu. Deux charmants petits bédouins nous accompagnent en nous montrant le chemin ; c’est étonnant de constater la maîtrise de l’anglais de ce petit garçon d’une huitaine d’années… un futur guide !!!
Un vaste plateau qui nous permet d’embrasser d’un regard un vaste, très vaste panorama sur Pétra, la Pétra des Nabatéens s’étalant dans tous les oueds convergeant vers le site. De tous côtés, de hauts bâtiments creusés dans la pierre. Et puis, au point le plus haut, l’autel des sacrifices faisant face au Mont Haroun où serait enterré Aaron.
Toujours un sentiment d’immensité, de grandeur, toujours ce même émerveillement. Nous sommes presque seuls pour jouir de ce panorama, ce lieu n’étant pas au programme des circuits touristiques basiques. Il y a des moments qui se méritent… ! Et nous n’avons pas encore amorcé la descente par la vallée. Que de belles surprises : des tombes, encore des tombes, toutes plus élégantes les unes que les autres : tombeau du soldat, tombeau du jardin, tombeau renaissance. Que dire de l’intérieur, stucs peints ? Polychromie naturelle ? À peine croyable.
Difficile de quitter ce site sans regret. Nous prendrons une calèche au retour. En fait de calèche, nous nous sommes tous deux retrouvés sur un âne : number 1 pour moi, number 2 pour Pierre (un ânier un peu plus persuasif, un sourire engageant, le bon moment ?). Finalement, pas mal du tout, surtout après avoir autant crapahuté.
Au revoir Pétra et, déjà, le désir d’y revenir…
Djamel est déjà là. Nous partons pour le Wadi Rum.
Tout d’abord la route des Rois (en fait route des épices) qu’il conviendrait, pour sa beauté, d’emprunter plus longuement (ce sera sûrement l’objet d’un autre voyage), puis l’autoroute Amman-Aqaba (en construction). Le vent ressenti à Pétra ce matin lève de puissantes tornades dans le désert. « Open Area » parait-il, nous n’avons pas à nous inquiéter pour notre excursion dans le Wadi Rum et la nuit que nous avons prévue de passer sous la tente dans le désert.
Tout en conduisant, Djamel téléphone, retéléphone… Il organise notre rendez-vous avec notre hôte bédouin. Notre taxi s’arrête au milieu de nulle part, un magnifique bédouin (Pierre est d’accord)… Djellabah blanche, keffiyeh rouge et blanc maintenu par l’a’gal noir, s’avance avec élégance. C’est Zedane notre hôte contacté par téléphone depuis l’hôtel de Pétra. Apparemment nous sommes ses seuls touristes aujourd’hui, un creux de vague. Nous allons être chouchoutés.
Premier arrêt : l’entrée du site : les 7 Piliers de la Sagesse se dressant à notre gauche… Lawrence d’Arabie…El Aurens, un bon moteur pour le tourisme mais pas très apprécié des authentiques bédouins.
Le village de Rum où il est plus fréquent de croiser des chameaux que des chevaux.
Nous sommes à la porte du désert.
Un café à la cardamome avec le père de Zedane (ancien général 3 étoiles) un vrai « Cheik ou Maalem » (Chef de famille, chef de tribu, chef de clan…). Nous sommes assis par terre, pieds nus sur tapis et coussins à écouter les explications en anglais de Zedane concernant l’organisation de notre excursion.
Nous sommes loin de ces grandes stations touristiques aseptisées et uniformisées. Ici il semble que l’essentiel prime, vivre le désert avec sérénité .Pourvu que cela dure pour eux !!!
Un 4x4 nous mène au campement qui sera notre abri d’un soir. Un vrai Dakar ! vite le crabot, nous nous ensablons… C’en est fini du bitume, des maisons ; Ici c’est le désert, mais un désert cloisonné par la nature, un haut rocher à contourner, une falaise à longer… la trace semble évidente pour notre chauffeur mais pour nous il y a de quoi se perdre. Tiens un campement… Ce n’est pas le nôtre, et puis, bien à l’abri d’un haut rocher, les tentes du camp de « la méditation » de Zedane. Plusieurs tentes brunes dont l’une hexagonale avec un âtre central, véritable lieu de vie. Nous y dînerons, y écouterons de la musique bédouine en live, y dormirons… une expérience nouvelle à revivre.
Pour l’instant, le silence du désert, sa lumière, les couleurs de son sable (d’un rouge intense autour du campement) et le spectacle du soleil couchant. Assez pour devenir contemplatifs et rêver.
Un bédouin voisin (… aucune tente à l’horizon !!!) est venu nous rendre visite : échanges, réflexions toujours en anglais. Des chants bédouins que Pierre enregistrera à la grande surprise de nos musiciens (jamais pris de court… pas étonnant que son sac soit conséquent !!!).
Nous fermerons les yeux à minuit. Une courte nuit. Réveil programmé à 5h30 pour le lever du soleil… Quand faut le faire, faut le faire !
30 mai 2005
« Sur les traces de Lawrence »
5h 30 : Premières lueurs du soleil dans une faille de montagne. Nous le regarderons s’élever lentement, éclairer les rochers un à un, caresser le sable rendu vierge par le vent de la nuit.
C’est tout simplement magique. Étrangement ce paysage me rappelle un paysage peint par Tristan, les photos se succèdent pour le recréer. À comparer à notre retour.
7 heures : Après un bon petit déjeuner, nous partons en Toyota 4x4 à la découverte des sites du Wadi Rum, conduits et guidés par Mslam, notre chanteur de la veille : arche gigantesque, canyon, ruines de la maison de Lawrence, dunes de sable rouge encore vierges à cette heure matinale que nous n’osons pas marquer de nos pas…, traces d’un fennec … un rêve éveillé, une féerie...
(N.D.L.R. : Martine ! Va doucement, je n’ai pas le temps de placer les photos !).
Zedane nous accueille au village, un vrai Prince du désert. Un jeune couple britannique à la découverte de la Jordanie s’apprête à rejoindre à dos de chameaux le campement que nous avons quitté, coiffés du traditionnel Keffiyeh… et pour nous l’envie de repartir avec eux…. l’an prochain peut-être ??? (N.D.L.R. :Inch Allah !).
C’est Zedane qui nous reconduit vers la frontière Jordano Israélienne de Wadi Araba.
Il nous faudra revenir en Jordanie.
Nouvelles formalités douanières, un peu plus fastidieuses qu’à l’aller côté israélien : sacs fouillés, interrogatoire… même le sable que j’avais prélevé a été analysé.
Notre voiture nous a sagement attendus.
Direction Eilat où nous allons tenter une plongée avec Manta Scuba Diving … une véritable institution… tant pis, nous n’avons pas le temps de chercher et de comparer. Une petite chambre dans un baraquement de l’hôtel « Ambassador »… chambres selon ton porte monnaie… 120 Euros pour avoir droit au bâtiment central … Aucun intérêt : nous avons quand même payé 40 euros pour un Algéco !!!
Sabine de « Freedom » ayant eu la gentillesse de nous recommander l’Aquarium par mail, une visite s’impose ; site très bien fait et qui permet aux non plongeurs d’approcher le monde sous-marin : 5 mètres sous la surface de l’eau par un grand tube… les coraux, les poissons multicolores. Un vaste aquarium à requins… (sales gueules!), d’énormes tortues qui ont depuis longtemps perdu l’habitude des grands fonds.
Une petite trempette avec palmes et tubas le long de la réserve de Coral Reef… pas mal, un beau lieu pour un baptême en bouteilles.
Peut-être aurions nous pu aller nager avec les dauphins mais le temps nous est, malgré tout, compté et le prix un peu dissuasif.
Nous nous contenterons de la découverte décevante d’Eilat, station balnéaire réputée chez les Israéliens… Ils n’ont qu’elle !!! Pas tout à fait notre tasse de thé, surtout avec toutes les belles images que nous avons dans la tête. Des hôtels pompes à frics, pour Israéliens friqués. Un vrai bastringue assez vulgaire.
Nous réussissons, après bien des déceptions, à trouver un petit restaurant au calme : 22 euros pour deux assiettes de spaghettis et deux petites bières…
31 mai 2005
« De nouveau sous la Mer Rouge »
10 heures : notre guide de plongée nous attend. Nous avons finalement opté pour une plongée individuelle qui nous a permis de choisir notre heure et notre site. Nous n’étions plus à cela prêt; il nous a même fallu souscrire une assurance complémentaire…
Nous serons très bien encadrés puisqu’un autre moniteur en formation se joindra à nous. Eilat a bonne réputation dans le monde de la plongée mais nous parait un peu fade en comparaison de ce que nous avons connu à Sharm.
Néanmoins une belle plongée et la première de la saison.
En route pour le plus grand cratère du monde… on se croirait aux États-Unis… C’est toujours le plus quelque chose. Une longue route centrale traversant le Néguev, dont les bas côtés ont été investis par les militaires, puis par les exploitations minéralogiques… un immense champ de labour. Pas très beau ce désert là, rien à voir avec les abords de la Mer Morte.
Des panneaux « Beware of camels near the road », nous rappellent que bédouins ou caravanes de touristes peuvent se trouver dans les parages.
Une vaste, très vaste caldeira cernée de hautes falaises : nous somme au cœur du Makhtest Ramon, un vénérable ancêtre qui a vu passer les tribus d’Israël puis est tombé dans l’oubli jusqu’au début du 20e. Le panorama d’en haut est superbe, mais tellement vaste… 40 km de long, 9 de large, 400 mètres de profondeur.
Rien à voir avec le soi-disant petit cratère visité lors de notre descente.
erions nous blasés ?
Un petit détour par Ashkelon, coquette et luxueuse station balnéaire de la côte méditerranéenne à la limite de la bande de Gaza. La marina est pratiquement vide, moins centrale que celle d’Herzliya.
17h30 : nous montons à bord de Logos…que d’images, que d’impressions.
Du 1er au 7 juin 2005
« Facteur, tu nous a oublié ? »
Ayant rendu notre vaillante, voiture, notre vie s’organise à la marina en attendant le courrier toujours pas arrivé. Heureusement que nous avons des moyens plus efficaces pour rester en contact avec ceux que nous aimons !!!
Nous usons et abusons de la connexion Internet de la marina : recherche d’informations, sites météos, conversations MSN, communications phoniques.
Lili, Paul et les petits ont rejoint le Morbihan. Une bonne nouvelle.
Mais que d’occupations !!! Dire qu’Hélène nous a demandé si nous ne nous ennuyons pas !!! Concert de jazz à la Marina, un Shabatt bon enfant, des petits bricolages sur le bateau, l’installation d’un gros filtre à charbons actifs nous permettant d’embarquer de l’eau filtrée et désodorisée complétant notre Brita réservé à la boisson, rédaction de ce journal, mise à jour du site, observation de la météo en vue de notre remontée vers Chypre… et toujours pas de courrier.
Il va tout de même falloir penser à prendre une décision. Le courrier n’a-t-il d’importance que lorsqu’on descend le chercher tous les jours dans sa boite aux lettres !!! Nous avons bien vécu en Israël et en Jordanie. Deux pays dont on revient avec un autre regard, d’autres réflexions, un autre esprit critique vis-à-vis des médias, de leurs lieux communs. Nous n’avions pas d’a priori. Nous ne ressentions qu’une inquiétude déjà atténuée par la serviabilité et la gentillesse des israéliens rencontrés auparavant. Nous rentrons convaincus qu’Israël est un pays complexe certes mais dynamique, très ouvert malgré le poids d’un passé millénaire et d’un vécu douloureux et récent. Il y fait bon vivre et laisse une empreinte qui sollicite notre réflexion. Maintenant, Logos va de nouveau redevenir un coursier des mers.